Souma Ikitani [FINIE]

Je dois me décrire ? Hm... Je n'ai pas tellement l'habitude de parler de moi... C'est toujours plus facile de caractériser les autres, de toute façon. Et je n'ai pas très envie de perdre mon temps à faire ça.

Le truc, c'est que je ne suis pas du genre à m'intéresser à ma personne. Je me fiche un peu de ce que je suis pour les autres. J'aurais tendance à dire que l'influence des autres ne m'atteint pas, mais je ne suis pas à l'abri d'un  changement. Par contre, j'aime être celui qui influence. Pas dans un mauvais sens, rassurez-vous ! Pour aider un peu, comme possible. Mais si vous êtes un con fini qui semble irrécupérable, je ne ferais aucun effort, et je vous le dirais clairement ! Après tout, n'y a-t-il rien de mieux qu'une franchise sans détour ? Mais j'avoue que je devrais faire des efforts pour ça, ça ne fait pas toujours plaisir de se prendre des remarques dans la tronche. Je le fais avec le sourire, cela dit.

Je fais partie du groupe des intellos, et ce n'est pas pour rien. Mes notes me témoignent très bien mon niveau loin d'être bas. Je travaille pour ça, et j'ai des facilités dans plusieurs matières. Je peux passer énormément de temps à étudier, à bien y penser. D'ailleurs, évitez de me déranger quand je travaille. On me l'a souvent dit, je ne suis pas agréable quand on m'interrompt. Ce n'est pas voulu, hein ! Et puis, je me comporte très bien pour dépanner. J'aime beaucoup aider quand je suis disponible, en fait. Mais seulement quand je suis disponible. Sinon, ne comptez pas sur moi. Je risquerais de vous répondre d'une façon trop peu aimable.

Mais en dehors des études, je suis très sympa, à ce que l'on dit ! Personnellement, je ne m'en rends pas compte. Même si les études sont une chose qui occupe une grand part de ma vie, je ne fais pas que ça. J'adore m'amuser, parler aux gens, découvrir des trucs. Courir partout pour n'importe quoi peut m'arriver souvent, et à dire vrai, je ne sais pas d'où vient cette énergie. J'aime bien entraîner les autres dans mes idées, et j'aime encore plus quand on me suit ! Ce n'est pas que je crains la solitude, mais... Un peu.  Sinon, j'ai horreur des films d'horreur. Mais pas que. Tout ce qui touche à des personnalités meurtrières contenues dans un livre ou un article me met vraiment mal à l'aise.  

En bref, je pense être quelqu'un de sympathique, mais il faut juste choisir le bon moment pour m'aborder.

Le résumé de mon histoire sera des plus courts, je l'espère. La raison d'un tel souhait est simple, je n'aime pas trop étaler ma vie à des inconnus. Car oui, vous êtes des inconnus pour l'instant. Ça ne me dérange pas d'en parler, mais seulement rapidement.

Mes parents étaient de jeunes gens avec une volonté de vie incroyable. Ils ont beaucoup voyagé, et m'en ont très souvent parlé lorsque je ne savais même pas marcher. Ma naissance les a ravi, mais les a fait redescendre sur terre. C'était le paradis le temps d'un jour, avant qu'ils ne se rendent compte qu'on ne peut pas envoyer son gosse en voyage avant un petit moment. Ils ne m'ont jamais détesté pour ça, soyez en sûr. Heureusement, la sœur de ma mère était là pour me prendre en charge le temps que mes parents fassent leurs escapades de plusieurs jours, semaines, mois. Quand ils revenaient, ils m'en parlaient. Et ils le racontaient avec une telle passion que je ne leur en voulais pas.

Puis ils ne sont pas revenus. Ils ne sont pas morts, ils ne sont juste pas revenus. Abandonner leur enfant n'était qu'un léger prix à payer pour pouvoir profiter d'une vie insouciante. Ce sont eux qui m'ont transmis cette envie de découverte, mais ils lui ont donné un goût aigre-doux. Je les ai si peu connu que je ne sais toujours pas si j'ai raison de leur en vouloir. Vous voyez, j'ai vraiment souhaité qu'ils meurent en plein voyage, si possible noyés en passant d'un pays à un autre. Ou alors, que ma mère tombe sur les rails du train alors qu'il arrive, et que mon père n'ait pas le temps de se pencher pour la sauver. Je n'ai jamais partagé ses désirs, conscient que l'on m'aurait trop mal jugé.

J'avais 9 ans quand j'ai compris que je ne les reverrais plus. Du coup, j'ai été adopté par ma tante. Elle n'était pas mariée et avait parfois des petits-amis, mais sans plus. Il faut dire, elle devait avoir entre vingt et trente ans. J'étais vraiment heureux de vivre avec elle, comme ça avait toujours été le cas. Seulement, je n'espérais plus le retour de soit-disant parents. Elle était une très bonne mère, et son comportement n'a jamais changé. Je n'ai jamais été considéré de trop dans sa maison, vu qu'elle vivait seule. Vraiment, j'aime cette partie de ma vie, même si elle ne me rappelle pas que de bons souvenirs. Heureusement que j'ai continué à vivre auprès d'elle, à vivre normalement. L'abandon de mes parents n'a pas été très facile à digérer.

A peine un an plus tard, je découvrais un don que je n'ai jamais soupçonné. Celui de manipuler les écritures. Ça m'est apparu alors que je lisais, souhaitant ardemment que la plante mystérieuse du bouquin soit réelle. Elle le fut. Pour un court temps, c'est vrai, mais elle fut réelle. Cette passionnante révélation ne m'effraya aucunement, et j'avais seulement peur d'avoir rêvé cette chose fictive. Alors, j'ai réessayé avec autre chose, et ça a marché. C'était un petit truc de rien, mais ça me montrait clairement le pouvoir que je détenais. Je n'en ai pas parlé à ma tante, car je craignais une mauvaise réaction. J'attendais de maîtriser assez cette chose pour lui en parler calmement, et lui prouvant que ça n'avait rien de bizarre.

Les années passèrent sans que je trouve le courage d'aborder un sujet si étrange avec elle. De mon côté, j'essayais de voir plus grand. Les personnages constituaient une étape, et je devais la franchir. Sauf que le mauvais personnage est apparu. Je voulais le héros d'un livre, mais son antagoniste a fait acte de présence à sa place. L'effort étant également très intense, je n'ai pas réussi à rester conscient. Du coup, le personnage a attendu avant de me réveiller brutalement. Je n'avais aucune idée de l'ampleur de la situation, mais je pouvais m'en faire une idée grâce à la personne face à moi. Avant, j'étais friand des livres aux histoires sombres. En voyant la tête du personnage, je ne les ai plus jamais vu pareils.

Il s'est montré à la hauteur de son apparence repoussante en essayant de me tuer. Son arme était un pic à glace trop bien entretenu pour être utilisé ainsi. Et pourtant... Je me suis directement mis à courir hors de ma chambre, me persuadant au passage qu'il n'était pas réel. Je voulais qu'il disparaisse, mais ça ne fonctionnait pas. Ayant lu le livre, je savais de quoi il était capable, et c'était d'autant plus effrayant. Je savais, et j'ai pu y prendre part. Me défendre face à ce type était peine perdue. J'avais beau me débattre et frapper comme un dingue, il continuait à me dessiner quelque chose au niveau des côtes avec son pic à glace. Puis ma tante est arrivée, et il a instantanément disparu. Comme s'il était resté depuis le début un simple nom dans un livre quelconque.  Seule la douleur insoutenable pouvait rappeler qu'il avait bel et bien été là.

Elle m'a expliqué plus tard qu'elle avait le même pouvoir que moi, mais que elle, elle savait le manier. Je ne vous raconte pas la galère pour trouver une excuse à l'hôpital, sachant qu'on avait eu peu de temps pour accorder nos fausses versions des faits et que je n'étais pas vraiment en état de faire ça. J'y ai passé une semaine, même si je ne voulais pas tant. En rentrant chez moi, ma tante m'a parlé d'un pensionnat pour ceux possédant des pouvoirs. Elle le connaissait depuis un moment, car elle avait envisagé la possibilité que j'ai ce don. Il me fallut un moment pour décider, je ne voulais pas la quitter et j'avais peur que l'on me demande de donner vie à des personnages. Au final, j'ai accepté en me disant qu'il fallait bien que j'apprenne à maîtriser cet aspect, voire plus, du pouvoir.